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La présidente du comité de Paris-Moncey, Frédérique MIGNAUX, avait habitué les auditeurs du cycle de conférence « Les rendez-vous de Moncey » à des thèmes liés à la sécurité publique ou à la défense. Mais ce 15 avril 2015, c’est une page de l’histoire de la Chine qui a retenu l’attention des participants.
Le sujet développé par le capitaine de frégate (er) Jean-Louis RENAULT portait en effet sur le chemin de fer du Yunnan, la plus improbable ligne de chemin de fer du début du XXe siècle. Après une présentation du conférencier par le général d’armée, Jacques MIGNAUX, ancien directeur général de la gendarmerie nationale, la parole fut donnée au capitaine de frégate RENAULT. Celui-ci tint en haleine l’auditoire durant près d’une heure puis se prêta aimablement à un dialogue avec les participants.
Il expliqua que de 1901 à 1910, sous l’impulsion du lobby colonial et de Paul DOUMER, gouverneur général de l’Indochine entre 1897 et 1902, la France s’est lancée dans la construction d’une voie ferrée entre le port de Haiphong au Tonkin et Yunnan Fu (aujourd’hui Kunming, province du Yunnan) dans le but de mettre la main sur les richesses réelles ou supposées de provinces du sud de la Chine, avec en arrière-pensée leur annexion. Après de multiples tractations diplomatiques, administratives, financières et des tensions avec les autorités chinoises, la voie ferrée s’est construite au prix de nombreux morts et accidents. Ce fut le cas, en particulier, dans la partie située entre la frontière chinoise et le plateau du Yunnan où de très nombreux ouvrages d’art ont dû être construits pour permettre au chemin de fer de gravir, à travers un chaos calcaire et tropical, quelque 1 800 m de dénivelé en environ 150 km. Pour autant, un siècle plus tard, cette réalisation technique fut lourdement préjudiciable à l’armée française, durant la guerre d’Indochine.